
07.09.2025 | Grand art en photographie
Symbolisme, ésotérisme, occultisme (1860 – 1918) La photographie à l'époque Art nouveau
Une exposition réalisée en collaboration avec la Maison Hannon
La photographie n'a jamais eu pour seul objectif de capturer la réalité. De l'alchimie à l'IA, elle a toujours révélé des forces cachées, alliant chimie, mystère et imagination.
L'invention de la photographie n'a jamais été purement technique ; dès ses débuts, elle a été intimement liée à la connaissance, à la révélation et à la transformation. Au XIIIe siècle, Albert le Grand remarqua que son lapis lunaris – un cristal de nitrate d'argent – noircissait à la lumière du soleil et le nota parmi ses observations sur les bézoards et les mandragores. En 1614, Angelo Sala saupoudra du papier de nitrate d'argent et le vit « devenir noir comme de l'encre ». Pour ces alchimistes, ce noircissement prouvait la virtus solis, une force solaire immatérielle capable de réorganiser la matière.
Horaires d'ouverture
Jour | Heures |
---|---|
Lundi | Visite privée sur rendez-vous |
Mardi | Fermé |
Mercredi | 15h00 – 18h00 |
Jeudi | Visite privée sur rendez-vous |
Vendredi | 16h00 – 19h00 |
Samedi | 15h00 – 18h00 |
Dimanche | 15h00 – 18h00 |
Alchimie et photographie — Transmutation de la lumière
Au XIXe siècle, les premiers photographes travaillaient dans des chambres noires tels des alchimistes modernes, transformant la lumière et les sels d'argent en images durables. Leurs « transmutations » chimiques imprégnaient la photographie d'une aura magique et, symboliquement, réalisaient le rêve de l'alchimiste : arrêter le temps et préserver à jamais un instant fugace.
Photographie spirituelle — Dialogues avec l'invisible
Le mouvement spiritualiste a popularisé la « photographie des esprits », où les appareils photo semblaient révéler des figures fantomatiques aux côtés de personnes vivantes. Bien que controversées, ces images obsédantes ont captivé le public et ont suggéré que la plaque photographique pouvait servir de pont fragile vers des univers au-delà de la perception directe.
L'imagerie symboliste — De la théosophie à la Rose+Croix
Vers 1900, les photographes adoptent le symbolisme, s'inspirant de la vision théosophique des réalités cachées et de l'appel du Salon de la Rose+Croix à un art onirique et spirituel. Voici de rares autochromes du pictorialiste belge Alfonse Van Besten (1865-1926). Réalisés sur plaques Lumière peu après leur première parution en 1907, ces transparents traduisent la rêverie symboliste en couleurs : tonalités veloutées, grain pointilliste et lumière douce et diffuse évoquent les vitraux, invitant le spectateur à contempler le seuil où la matière se dissout dans la vision.
La Photo-Sécession et son « équivalent » américain
Aux États-Unis, Photo-Secession (1902) d'Alfred Stieglitz poursuit cette trajectoire : Camera Work et les Little Galleries promeuvent les gommes de Gertrude Käsebier, les platines d'Edward Steichen et les études atmosphériques de Clarence H. White comme des « équivalents » d'états intérieurs. L'image argentique devient un creuset alchimique où la matière absorbe l'émotion.
Le regard des femmes et la reconfiguration des rôles
Des femmes photographes comme Julia Margaret Cameron (active de 1864 à 1879) et Frances Benjamin Johnston (années 1890 à 1920) ont remis en question les représentations conventionnelles de la féminité. Cameron a combiné flou pictorialiste et symbolisme préraphaélite pour élever ses modèles au rang de sibylles ou de saintes visionnaires ; Johnston, figure de la Nouvelle Femme américaine, a photographié des étudiantes, des athlètes et des réformatrices, affirmant ainsi leur autonomie intellectuelle et professionnelle. Cela a ouvert la voie à Käsebier et Anne Brigman, dont la pratique, imprégnée de théosophie, a fusionné quête spirituelle et affirmation de soi. La surface photosensible est devenue un espace où les rôles et les pouvoirs des femmes ont été reconfigurés, aux côtés de la lumière et de la matière.
Modernités occultes et technologies émergentes
Le cinéma expressionniste allemand (Le Cabinet du docteur Caligari, Nosferatu) créait un clair-obscur anxieux pour visualiser le tourment intérieur ; dans les années 1960, les couronnes électriques Kirlian transformaient les halos fluides de Péladan en décharges spectrales. Les artistes conceptuels mélangeaient rayons X, oscillogrammes et infrarouges pour redéfinir la preuve.
Aujourd'hui, l'IA générative remplace les grains d'argent par des pixels probabilistes ; pourtant, l'analogie alchimique persiste : un champ invisible, saturé de potentiel, est révélé par un processus – ici l'optimisation d'un réseau neuronal – apparenté à la transmutation. Halos laiteux, superpositions spectrales, clairs-obscurs oniriques réapparaissent spontanément ; on parle de « lueur éthérée » et d'« aura symboliste ». Les photos d'esprit du passé et les composites d'IA d'aujourd'hui brouillent les frontières entre preuve, apparition et fiction, privilégiant la cohérence psychique au réalisme optique.
En mettant en résonance la philosophie Rose + Croix de Péladan, la vision onirique de Redon, le pictorialisme du Photo-Club, la Photo-Sécession et la photographie spirituelle de Hudson à Coates, l'exposition montre que la photographie a toujours été un lieu de rencontre entre chimie, métaphysique et imagination. Qu'il s'agisse d'un cristal noirci décrit par Albert le Grand ou d'un portrait généré par Diffusion Stable, chaque image agit comme une tablette alchimique : elle fixe un fragment éphémère d'espace-temps et invite le spectateur à sa propre transmutation interprétative.
Toutes les impressions produites chez TinyGallery avec des procédés historiques sont de nouvelles interprétations des œuvres originales.
Reproductions historiques
Créé sur papier salé, gomme bichromatée et procédés brun Van Dyke, et complété par des images croisées provenant des archives des institutions suivantes :
Société Française de Photographie
Collectie F.Van Hoof-G.Williame
Musée de la Photographie (Charleroi) Musée de la Vie Wallonne Province de Liège Musée de la Mine et du Développement Durable (Bois-du-Luc) Tiny Gallery (Bruxelles) Maison de la Métallurgie et de l'Industrie (Liège) Archives et Musée de la Littérature (Bruxelles) Service Général du Patrimoine de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Patrimoine numérisé