Anabelle Schattens - Collodion humide
La forme ultime d’enfermement, ce ne sont pas tant les murs qui nous enferment, mais l’obscurité qui enveloppe l’esprit, le brouillard qui se tisse entre les pensées, perturbant la clarté de l’être.
Ces sensations ressenties pendant le confinement sont devenues pour moi la genèse d'un rituel photographique poignant.
Chaque jour, dans notre petite cour fermée, à la même heure, au moment où la lumière enflamme les visages, j'installe ma caméra de visée. Cet acte de prendre des photos est devenu un moment sacré, nous offrant une évasion, un sentiment éphémère de liberté.
Le procédé au collodion humide, avec sa lenteur, la discipline qu'il exige, mais aussi ses bizarreries, nous a soumis à l'attente. C’est lorsque l’assiette était enfin prête, capturant l’âme le temps d’un battement de cœur dans une quiétude imposée, que les ambiances se dévoilaient.
Les enfants, baromètres de l'esprit et du cœur, oscillent entre participation exubérante et désintérêt léthargique.
Parfois, ils se livraient au jeu de la pose avec un enthousiasme contagieux, d'autres fois, l'ennui les envahissait, leurs sourires forcés dessinant des ombres palpables de tension.
Ces photographies témoignent ainsi éternellement d’une danse délicate avec le temps et les émotions.
